vendredi 4 octobre 2019

Foire aux Vins Cora 2019, mes bonnes pioches!

Me voilà avec quelques jours de retard malheureusement, c'est fou comme les bonnes bouteilles partent vite. Je vous livre donc sans plus attendre ce qui vaut la peine chez Cora lors de cette foire d'octobre.

1. Les rapports Q/P
C'est un peu ce que tout le monde recherche dans ce genre de foires, et je dois admettre qu'il y a vraiment de quoi faire dans cette catégorie, voici ce que je vous suggère:

- Psarades Dafni 2018, Lyrarakis, 7,65 EUR
Sans nul doute la quille la plus originale de la série. On pourrait croire qu'ils ont laissé tomber du laurier et du romarin dans la cuve au cours de la vinif, mais non, ce sont des caractéristiques propres au Dafni, ce cépage crétois qui était en voie d'extinction et que Lyrarakis met à l'honneur dans cette cuvée qui fera merveille avec vos salades et vos mezzes. Très belle gamme chez ce producteur d'ailleurs, surtout en blanc, puisqu'il y a aussi un 100% assyrtiko très parfumé bien que ce ne soit pas mon favori sur ce cépage, et évidemment le Lyrarakis blanc 2018, 8,29 EUR que je vous recommande chaleureusement si vous aimez croquer dans le raisin, c'est muscaté à mort et forcément puisqu'on a 80% de Moschato Spinas, complété par 20% de Vidiano pour la structure, cépage dont je vous parlerai plus longuement dans un prochain article. On a donc un vin fruité mais sec, vraiment bien balancé.

- Castillo de Molina Reserva 2016, Shiraz, 6,99 EUR
J'adore cette dénomination Valle del Maule, surtout pour ses vins à base de vieux Carignan. Mais cela reste marginal, il faut donc se rabattre ici sur la Syrah produite par Vina San Pedro et franchement, elle est très réussie. Fruitée, intense, on y retrouve aisément les caractéristiques de cette fantastique zone chilienne. Prêt à boire, peut se conserver 3-4 ans. Un 100% Carménère est également dispo dans cette gamme, mais il est beaucoup moins abouti.

- Potente 2016, Celler de Capçanes, DO Montsant, 7,09 EUR
Clairement la plus belle bouteille de l'assortiment espagnol disponible à la dégustation. Riche et puissant, un vin bien construit à majorité de Grenache avec un boisé présent mais relativement bien intégré, une aubaine à ce prix quand on connait les tarifs des stars de cette jeune appellation de Catalogne.

- Chateau Campet 2016, Cadillac rouge, 8,29 EUR
Le maître achat de la sélection bordelaise. Un domaine que je connais bien et qui réserve souvent de belles surprises et qui élabore des vins sincères. Si vous trouvez ennuyeux de boire du Bordeaux, celui-là va vous faire changer d'avis, parce que c'est véritablement un vin qui met en joie! Il y a de la vie là-dedans, c'est palpable. Un vin très aromatique, qui sera parfait dans 2 ou 3 ans.

- Benjamin de Vieux Chateau Gaubert, 2016, Graves rouge, 8,29 EUR
Oh qu'il est mignon celui-là! 60% merlot, 40% Cabernet Sauvignon, avec un élevage partiel en barrique pour ne pas gâcher ce bon fruit. Un vin attachant, sans prise de tête et qui ne doit pas se faire attendre pour être apprécié à sa juste valeur.

- Burberosso 2015, Vino Nobile di Montepulciano, Metinella, 12,99 EUR
Peu de vins italiens m'ont emballé, mais je tiens tout de même à vous signaler ce toscan, c'est propre, concentré et gourmand, avec un potentiel de garde de 5 ans sans souci. Au menu, 90% de sangiovese accompagnés par 5% de Mammolo et 5% de Canaiolo. Lui aussi reflète bien la typicité de son appellation. Indiqué en 2014 sur le catalogue, c'est le 2015 qui est proposé, j'espère que c'est bien le 2015 que j'ai dégusté.

2. Les grandes bouteilles

- Chateau Pibran 2015, Pauillac, 29,99 EUR
Y'a pas à tortiller, c'est du tout grand Pauillac à prix doux, dans un millésime qui n'est plus à présenter. Hyper-concentré, une vraie aubaine et dépêchez-vous, il n'y en aura probablement pas pour tout le monde. Sans doute à son apogée d'ici 12 ans mais sa grande proportion de merlot le rend déjà débouchable sans culpabiliser aujourd'hui.

- Chateau Siran 2016, Margaux, 29,49 EUR
Un domaine qui appartient à la famille Miailhe depuis 5 générations, phénomène plutôt rare dans la sphère des grands crus Bordelais. On retrouve avec plaisir 9% de Petit Verdot à côté des traditionnels Cabernet Sauvignon et Merlot. Un régal, à attendre quelques années si vous voulez qu'il gagne en souplesse et en velouté, mais qui aujourd'hui propose du fruit, de la puissance, de l'équilibre et de la longueur. A ne pas manquer!

- Chateau Brown 2017, Pessac-Léognan blanc, 28,99 EUR
Oups... Ma plus belle surprise ce dimanche. Il a damé le pion à La Louvière dans le même millésime, qui reste pourtant très bon et d'un grand classicisme et qui passera probablement devant après 5 à 10 ans de garde, mais ce Brown était impressionant d'élégance et d'amplitude, gourmand et sérieux à la fois. 65% sauvignon blanc, 35% Sémillon, j'ai adoré. Le rouge 2016 n'est pas en reste non plus et offre pas mal de complexité et de justesse. Quand au rouge 2016 de La Louvière, il est tout en subtilité et en finesse. Donc, allez-y pour le blanc de Brown et le rouge de La Louvière, si vous devez faire des choix!

- Monte Tabor 2011, Amarone della Valpolicella, Fidora, 32,59 EUR
Difficile de rester de marbre. Même si c'est classique et pas le plus complexe des Amarone, on y est clairement et sans détours. Une belle bouteille pour cet hiver, ou pour l'hiver 2029. Le prix est correct, sans plus, mais comme on ne peut pas s'offrir du Romano Dal Forno tous les jours, celui-ci comporte son lot de plaisir. A noter que je ne le trouve déjà plus sur le site alors qu'il y était lundi donc je ne peux pas vous le mettre en lien, peut-être est-il épuisé... à voir en magasin.

- Chateau Poujeaux 2016, Moulis, 30,99 EUR
J'ai longuement hésité avant de mentionner celui-ci. Parce que c'est cher payé pour un Moulis, qui plus est en promo. Mais si on se concentre sur le vin en tant que tel, force est de constater qu'on a ici une bouteille pleine de charme, prête à boire si vous êtes dans l'urgence avec une belle colonne vertébrale acidulée et un toucher de bouche très soyeux.

- Amiral de Beychevelle 2016, Saint-Julien, 38,99
Pas l'affaire du siècle, entendons-nous bien, un second vin à ce prix, c'est violent. Mais quand même... quelle typicité, on est clairement sur un vin austère et malgré tout bourré de finesse. Une bouteille qui se démarque sur Saint-Julien et qui plaira aux anciens, tout est dans la tradition et pas dans la modernité avec ce nectar épicé.

3. Et pour terminer...
Voilà, ça cavale et ça se bouscule aux divers stands, et du coup, on n'a pas forcément le temps de décrypter toutes les subtilités de ce que l'on déguste, sans compter que j'ai dû laisser tomber une petite partie du programme que j'avais prévu. Je vais donc vous laisser avec ces trois bouteilles auxquelles j'ai envie de regoûter, trois vins qui m'ont plu sans pour autant me fasciner mais que j'approfondirai bien volontiers:
- Chateau Montfollet "Le Valentin" 2018, blanc, Blaye, 5,49 EUR
- Chateau Montfollet "Altus" 2016, Bourg, 7,25 EUR
- Chateau Dalem 2016, fronsac, 20,99 EUR, semble épuisé sur le site web également!

jeudi 23 mars 2017

Bellet 2010, blanc, Domaine de la Source, Provence

Malgré l'abondance de cavistes aventureux dans ma région, cette appellation est quasiment absente par chez nous. Et pour cause, bien qu'ancienne, elle est minuscule. Une dizaine de domaines se partagent environ 70 hectares de vignes plantées entre 200 et 300 mètres d'altitude autour de la ville de Nice. On y produit les trois couleurs presqu'à parts égales, avec pour les rouges des cépages locaux tels que le braquet ou la folle noire, et pour les blancs dont celui que je partage avec vous ici, c'est essentiellement du rolle (ou du vermentino si vous préférez). La famille Dalmasso travaille 5 hectares au domaine de la Source créé au début des années 90.

J'ai pas mal attendu avant d'ouvrir cette bouteille... un peu trop, peut-être, puisqu'il s'agit d'un 2010. Résultat, le nez est assez évolué, quasi uniquement minéral mais malgré tout très expressif. Ca sent bon les cailloux, ce n'est jamais simple à décrire, et même si le bouquet global en est loin (ça ne pétrole pas) je ne peux m'empêcher de penser à un riesling sec alsacien d'un certain âge. Ce serait peut-être plus juste de comparer ce type de nez à un blanc languedocien de dix ans. A l'agitation, un peu de pamplemousse surnage. C'est sympa, mais j'ai l'impression d'être passé à côté de quelque chose. Par contre, en bouche, c'est assez phénoménal. C'est gourmand, il y a beaucoup de gras, c'est presque huileux par instant, mais c'est bien évidemment soutenu par une belle acidité qui équilibre magistralement le tout. Beaucoup de puissance donc, voire d'intensité, et petit à petit des notes gourmandes, florales et de miel tapissent le fond du palais, et ce sont elles qui rythment une finale de longueur très correcte. Une impression de grand blanc du sud donc, très digeste qui plus est, que j'aurai beaucoup de mal à noter parce qu'avec une telle matière j'aurais cru qu'il pouvait conserver davantage d'arômes de jeunesse. Loin d'être mort, il me semble toutefois judicieux d'en profiter maintenant parce que le plaisir est toujours bien au rendez-vous, j'ai passé un chouette moment.

Pour trouver plus d'infos sur ce domaine, c'est par ici.

Et pour vous en procurer, je vous suggère le site de vente en ligne français Cavagogo, le 2010 semble toujours être à la vente (un peu plus cher qu'il y a deux ans) à côté d'autres belles références et les frais de ports sont tout doux via Mondial Relay.

Ma note globale: Je vais me décider pour un bon 87/100

Le tire-bouchon est prêt, je peux d'ores et déjà vous annoncer que nous parlerons de Séguret dans le prochain article.

vendredi 17 mars 2017

Clos Florent 2011, rouge, domaine Semper, Côtes du Roussillon Villages

Ce 2011 est bien un Côtes du Roussillon Villages, mais sauf erreur, cette cuvée détient maintenant l'appellation Maury sec, puisque depuis fin 2011, Maury ne concerne plus uniquement les vins doux naturels. Elle est composée à 80% de grenache, 16 ou 17% de carignan et d'une larme de syrah.
Ce petit monstre m'avait véritablement touché lors d'une dégustation à un salon verviétois, les autres vins du domaine valant aussi leur pesant d'or. Mais deux ans plus tard, j'ai eu envie de vérifier si l'émotion était toujours au rendez-vous, et j'ai le plaisir de vous annoncer que c'est bien le cas!

Peu bavard à l'ouverture, il m'aura fallu attendre environ trois heures pour qu'il se livre pleinement. Le nez, d'intensité moyenne, donne le ton avec beaucoup de cerise (fil rouge de ce vin qui s'étire jusqu'à la finale), un peu de fumée, une pointe de thym voire même de cannelle en agitant le verre. Peu d'évolution donc, logique. Ce n'est qu'après une petite journée qu'il a montré un léger accent d'oxydation ce qui n'est pas pour me déplaire sur ce type de rouge puissant du sud. L'alcool chatouille le nez aussi, c'est compréhensible étant donné les 15% affiché. Mais rassurez-vous, à part une finale délicatement chaleureuse, en bouche ça passe nickel. On n'en est pas très loin, mais j'ai inévitablement pensé à l'Espagne. L'élevage étant réalisé en demi-muid, on a toutefois bien moins d'arômes boisés que sur bon nombres de vins de cette intensité produits de l'autre côté de la frontière. Mais ce côté bonbon à la cerise si courant sur du grenache, forcément, ça fait voyager.
C'est en bouche que réside l'intérêt du Clos Florent. La comparaison avec une vague est flagrante. Cela démarre en douceur, cela semble léger, voire un peu plat, mais progressivement la matière se déploie et il y en a énormément. Les tanins sont très souples, mais il y a de la mâche, ce vin semble presque solide lorsqu'il déboule à l'arrière du palet. Mais une fois avalé, la finale s'installe et nous fait lentement redescendre en douceur sur une impression plus suave, je ne dirais pas sucrée, avec cette cerise très pure. Finale de longueur très convenable. L'acidité n'est pas très élevée mais il y en a juste assez. Très chouette bouteille avec une personnalité qui lui est propre. Il peut sans doute dormir encore dans votre cave pendant 5 à 6 ans, mais il faudra peut-être éviter d'attendre trop longtemps pour éviter que toute cette matière ne soit asséchante. Ce n'est que pur spéculation de ma part ceci dit, et de toute façon je l'ai adoré en l'état.

Voici quelques informations complémentaires sur le domaine, au bout de ce lien.

Ma note globale: 93/100

vendredi 5 août 2016

La Moraia 2010, cabernet sauvignon, Podere Luisa, IGT Toscana

Voici un véritable piège en dégustation, en tout cas pour ma part. C'est dire si la route est longue... Je l'ai bu totalement à l'aveugle, pour le plaisir de l'exercice. Inutile de préciser que j'ai lamentablement échoué sur sa provenance, par contre, et c'est bien là le plus important, il s'agit d'un bien joli vin! Nous sommes dans la province d'Arezzo, vers Montevarchi, au domaine certifié bio Podere Luisa. Petite propriété d'environ 5 hectares, pour une production de 10.000 bouteilles réparties sur 5 à 6 cuvées selon les années.

Je suis parti dans un premier temps sur la Bourgogne, à cause d'une acidité très forte, d'une belle structure tannique très fine donc sans accroc, et d'un alcool modéré (on est à 13%). Le tout est très digeste. Il y avait également un délicat boisé (j'ai peu d'informations sur ce vin, je n'en connais pas l'élaboration mais je pense qu'il a tout de même vu le bois, bien que pas neuf). En tout cas, c'est merveilleusement intégré. J'avais misé sur 2011, et c'est un 2010 qui comme on le sait fut aussi une grande réussite en Toscane. Et à ce jour, il est encore dans sa jeunesse, la maturité est toute proche. Le nez est hyper-élégant, expressif juste ce qu'il faut, essentiellement sur des fruits noirs dans un premier temps, ces notes boisées (plutôt toastées mais pas vanillées) que je viens d'évoquer, et quelques épices dans un second temps. Malgré deux ou trois cerises, ça ne pinotait pas particulièrement, d'où mes premiers doutes sur la Bourgogne. Cela ne m'évoquait pas la Loire non plus, par contre j'ai arrêté mon choix sur le sud-ouest de la France, et si j'ai songé bien entendu à un vin étranger, jamais l'Italie ne m'est venue à l'esprit. Parce que par moment, une petite pointe de tabac, de mine de crayon si caractéristiques du cabernet sauvignon s'est exprimée. Il s'agit de jeunes vignes, 10 ans en moyenne, ce qui explique certainement ce côté fruité plus noir que rouge mais tout juste, pas gorgé de soleil, très loin de la compote. J'imagine donc que les raisins ont été cueillis à parfaite maturité. La finale est de longueur moyenne, rehaussée par une pointe de noisette voire de miel, très discret encore une fois, cette typicité qu'on retrouve souvent dans les vins réalisés de façon dite "nature" mais sans aucune exagération, cette finale m'a définitivement fait quitter Beaune sans pour autant que le cépage soit clairement identifiable. Le vin n'est pas filtré, il y a donc un dépôt assez important tout au fond. Et quand j'y arrive, je sais que c'est terminé, la nostalgie est déjà latente, preuve que j'ai passé un bon moment avec cette quille, qui n'aura pas bougé sur 24 heures, la finale s'est à la limite un peu accentuée. Idéal à boire en 2016, peut-être au sommet de son art d'ici deux ans. Je ne sais trop à quelle cuvée le comparer, qu'importe, La Moraia est unique!

Ma note globale: 88/100

jeudi 30 juin 2016

Savennières "La Croix Picot" 2012, blanc, Domaine de la Bergerie, Loire

Si vous aimez les vins blancs, vous connaissez forcément cette appellation de la Loire qui fait la part belle au Chenin. Si il y en a des plus réussis que d'autres, celui-ci fait partie assurément des bons élèves et je ne me fais jamais longtemps prier pour déguster la gamme étendue de ce domaine de 36 hectares qui propose des prix plus que compétitifs. J'ai bien aimé, je lui ai trouvé un côté automnal alors que je profitais de bien trop rares rayons de soleil sur ma terrasse ce 28 juin... Il y a biensûr pas mal de fruits, on navigue entre la pêche et la mangue, c'est un peu compoté, il y a également un peu de miel et de brioche en arrière-plan. Un nez relativement complexe donc, expressif et très agréable. La rétro-olfaction en bouche m'apporte une dimension florale supplémentaire. Pas vraiment de la violette, mais quelque chose d'approchant. En terme de structure, par contre, si l'acidité est belle et perceptible juste comme il faut, la matière est un peu légère en milieu de bouche. Il y a du gras mais ça manque un peu de volupté, de profondeur. Cela étant, la finale offre beaucoup de plaisir, elle est de longueur très correcte et toujours sur le fruit, avec une amertume soyeuse du plus bel effet. Je devine la pointe d'accent de sous-bois qui va probablement s'affirmer d'ici deux ou trois ans, cette bouteille aurait pu évoluer favorablement sans problème jusque là. D'ailleurs, le vin s'est montré très causant dès l'ouverture et n'a quasi pas bougé sur la journée. Dernier point remarquable, c'est ce taux d'alcool à 14,5%, j'ai peine à y croire tant c'est peu perceptible et digeste. En conclusion, un Savennières plus fin que puissant qui fait honneur à son rang et qui ravira ceux qui ont horreur des vins élevés sous bois!
Ma note globale: 83/100

jeudi 8 octobre 2015

Foire aux vins Cora 2015: mes treize coups de coeur

Après une petite dégustation malheureusement pas très convaincante au Delhaize verviétois vendredi (bon, si vous insistez, je vous filerai un ou deux tuyaux mais je n'en ai pas plus...), j'avais un meilleur feeling concernant la sacro-sainte dégustation Cora, à Rocourt, dimanche dernier, veille de l'ouverture de leur foire aux vins proprement dite avec des promos à gogo pas que pour ceux du même nom. Et je n'ai pas été déçu! C'est en tout cas une très belle organisation bien huilée, le catalogue des vins proposés lors de cette dégustation téléchargeable à l'avance permet de préparer son itinéraire tranquillement avant le jour J, mais cela reste malgré tout un vrai concours contre la montre. 250 vins disponibles, un monde de dingue, et 2H30 pour faire le tour, pas une minute de plus. Dommage. J'avais réduit les effectifs au tiers, mais j'ai manqué de temps pour les régions du Rhône, de Bourgogne et d'Alsace. Les satisfactions n'ont pas manqué ailleurs, et de nombreux vignerons ou représentants des domaines étaient disposés à parler de leurs cuvées malgré la foule. Je n'avais pas le temps de prendre des notes détaillées donc je ne décrirai que très vaguement les vins ci-dessous, mais je ne partage avec vous que ceux qui sortent clairement du lot. Bref, entrons dans le vif du sujet! On peut commander les vins suivants en ligne sur Corawine mais avec obligation d'en acheter 6 minimum, il est donc préférable d'aller se fournir sur place, à condition qu'il en reste...

1. Le domaine Fabrègues en Languedoc: J'ai adoré les rouges: Le Mas 2012 à 6,29 EUR, aux arômes de cassis et ses tanins souples, mais surtout La Villa 2012 à 7,99 EUR, encore plus fin et velouté. Des rapports qualité/prix comme je les aime dans cette région.

2. Le Clos des Clapisses: J'ai retenu le Clos des Clapisses blanc 2014 à 7,99 EUR, Coteaux du Salagou, léger, frais et surprenant. La fiche conseille une dégustation à 7°C, c'est trop bas... je vous met les glaçons, en plus?

3. Les Vignerons de Buzet (Sud-Ouest): Baron d'Albret blanc 2014 à 4,55 EUR.
Sauvignon et Sémillon, un grand classique qui ne m'a pas laissé de marbre, doux pour le porte-monnaie.
L'Intact rouge 2014 à 4,99 EUR ne m'a pas époustouflé mais c'est bien fait, sur le fruit, et sans sulfites ajoutés, ça mérite d'être souligné.

4. Château Beauregard 2012 Pomerol à 29,99 EUR: Je n'ai pas à vous présenter celle-ci, juste vous dire que c'est une grande bouteille. Si vous en avez les moyens, ne vous privez surtout pas, c'est vraiment joli.

5. Château Grand Mayne 2012 Saint-Emilion GCC à 30,99 EUR: Idem! C'est pas donné, mais c'est mon favori de ce dimanche en rouge. Tout ce qu'on attend d'un Saint-Emilion, avec une profondeur impressionante. 2012 me plait décidément beaucoup à Bordeaux, j'y trouve même souvent plus de satisfaction qu'avec les 2010. Si j'étais Parker, j'en ferais bien mon 1982...

6. Château Branas-Grand-Poujeaux 2012 Moulis-en-Médoc à 24,59 EUR: C'est son expressivité qui m'a plu, un peu de floral et de végétal ajoutant à sa complexité, et une finale très longue. Il m'a bien plus marqué que le Château Villemaurine 2012 à la même table coté à 32,50 EUR, preuve s'il en est encore besoin que le prix ne fait pas tout...

7. Château La Louvière blanc 2012, Pessac-Léognan à 19,99 EUR. Bon, ça c'est la bouteille du jour, rouge et blanc confondus. Il y a pas mal de jolis Pessac blancs proposés chez Cora (Le Château Baret est un excellent rapport q/P, le Château Olivier est sympa mais plus cher, le Château de Rouillac étant le seul qui ne m'a pas convaincu). Mais ce La Louvière est, à mon goût, hors compétition. Nez somptueux, bouche structurée, un vin très complet qui ne craint pas les années (je suis toujours sous le charme d'un 1998 dégusté il y a quelques mois). J'en veux!

8. Château Kirwan 2012, Margaux 3eGCC à 32,99 EUR. Si il semble un peu racoleur au premier abord avec son boisé coco au nez, on se rend vite compte en bouche que ce vin a énormément à offrir à présent mais qu'il en donnera bien davantage si on lui laisse quelques années pour digérer son élevage. La finale est interminable. En terme de troisième GCC, je le préfère aisément à Giscours.

9. Greco Bianco 2014, Ciro DOC, Ippolito 1845 à 5,49 EUR. Quittons la luxure bordelaise pour l'Italie. Franchement, à ce prix-là, c'est pas mal. Un blanc de Calabre plutôt fruité, qui démarre pourtant par un petit creux en bouche mais qui propose une finale de longueur surprenante. Le vin rouge de ce producteur a également retenu mon attention pour son côté sombre et son caractère affirmé.

10. Fiorenza 2013, Barbera d'Alba, Paolo Manzone à 6,99 EUR. C'est un peu le seul vin qui m'a attiré dans la gamme Manzone, à vrai dire, pour son nez très original de baies rouges et pour la bouche tonique et souple liée à ce cépage. J'attendais beaucoup du Roero Arneis blanc que j'ai trouvé trop suave et lourd, le Barbaresco était assez maigre et astringeant tandis que le Barolo était honorable pour le prix mais bien loin de la richesse qu'on trouve chez ces grands colosses du Piémont.

11. Casajus Vendimia seleccionada 2012, Ribera del Duero, Bodegas J.A.Calvo à 12,99. Un Tempranillo espagnol "old school" avec des notes de myrtille et de bois noble, la bouche est structurée et la finale est très longue. Excellent!

12. Quinta do Cardo 2012, Touriga National Reserva à 9,45. Un petit ovni assurément, c'est gorgé de soleil, c'est un peu sirupeux parce qu'il reste à mon avis une petite dizaine de grammes de sucres résiduels, le boisé va se fondre avec le temps et la structure tannique est bien affirmée. Un vin à oublier 7-8 ans au fond de la cave qui pourrait nous étonner. Disons que c'est le joker de la sélection.

13. Saviatiano blanc 2014, Mylonas, IGP Attiki à 8,49 EUR. Un blanc sec et grec pour terminer ce petit voyage, très satisfaisant, je le tenterai bien pour accompagner mes prochaines moules!

Ca y est, à vous de jouer!

mercredi 12 août 2015

Kayra Vintage Okuzgozu Single Vineyard 2010, rouge, Daniel O'Donnell, Turquie

(dégustation aux environs du 20 mars, en lien avec un autre vin de ce cépage évoqué précédemment sur ce blog.)

Une multitude de signes extérieurs semblent démontrer un niveau plus élevé sur cette cuvée que l'on pourrait qualifier de parcellaire, en tout cas elle provient d'un seul vignoble alors que les cuvées de base de ces producteurs conséquents sont généralement le résultat d'assemblages de leurs divers sites de production. 12.000 cols sur le marché, bouteille plus massive, bouchon un poil plus long, étiquette travaillée, prix doublé... poudre aux yeux ou réelle implication? La réponse dans le verre!

Le premier nez est très boisé. Et là il y a du vut nouveau, ça ne fait aucun doute. Je capte un soupçon de truffe, et la gamme épicée que j'avais rencontré dans le premier vin est ici plus nette, plus franche. Les fruits noirs sont tapis dans l'ombre, une forte agitation les trahira, mais au contraire du 2012 je suis presque certain qu'ils vont se dérider au fil du temps.
En bouche, je retrouve des sensations similaires avec une acidité avenante, un alcool toujours aussi bien intégré malgré le degré supplémentaire affiché (14%), c'est par contre bien plus tannique. Un beau grain, toutefois. Pour rester dans le cliché italien, celui-ci est plutôt en mode super-toscan. Bien plus costaud tout en gardant ce côté enjoué qui est, je pense, la signature de l'okuzgozu. La cerise fait son show de manière un peu plus affirmée en rétro vers la fin de bouche.
La finale est d'une longueur épatante (merci le bois).

Quelques heures d'attente vont le libérer totalement. Le nez s'offre sans consession, il est tonitruant sur un mélange de fruits entre framboises et myrtilles séchées. En bouche, les adjectifs anglais "full-bodied" et "chewy" semblent convenir à la perfection. En effet, c'est assez massif, beaucoup de matière qu'on a presque l'impression de pouvoir croquer. Je crois qu'on est clairement ici sur un vin de "winemaker", de cave et d'élevage plutôt que sur un vin purement de terroir, bien que la qualité du raisin y soit pour quelque chose. Il y a de la place dans mon coeur pour ce genre de vins aussi, tant que le dit winemaker ne sévit pas aux quatre coins de la planète et que son style a une véritable personnalité, ce qui est évidemment le cas avec cet Öküzgözü.

On a ici un potentiel de garde bien plus important, on pourrait probablement se laisser surprenddre en proposant ce 2010 dans 7 à 8 ans. Aux environs de 24 euros, c'est une bien belle affaire malgré tout, il faudra débourser double à triple dans les régions prisées pour un niveau équivalent.

Ma note globale: 92/100